Les machines à guérir : aux origines de l'hôpital moderne

La transformation, commencée au dix-huitième siècle, qui a dissocié, dans la destination des institutions de bienfaisance, l'assistance aux malheureux et le soin des malades, est un fait de politique dont la réalité est attestée par l'architecture même des bâtiments hospitaliers et la distribution de l'espace intérieur où le personnel soignant dispose, expose et traite les malades, conformément à une réglementation explicite. La santé, visée désormais comme le bien général d'une population donnée, et non plus seulement comme une valeur individuelle, ne dépend plus uniquement de l'art d'un homme d'expérience, mais des calculs d'une administration qui en revendique la gestion comme un devoir. Ce que Michel Foucault nomme la noso-politique compose, à l'égard du corps social, les impératifs du rendement et de la surveillance, de l'économie et de la police. Son objet est tributaire de la mesure et de l'appréciation démographique. Le changement d'échelle de l'objectif médical entraîne un changement de la nature des moyens. L'hôpital n'est pas la possibilité offerte aux médecins de multiplier les actes thérapeutiques personnalisés. Comme l'a écrit Tenon, en 1788, " les hôpitaux sont des outils, ou si l'on aime mieux des machines à traiter les malades, je dirais volontiers en masse et par économie ". Les Machines à guérir est un document incomparable relatif aux origines françaises de l'hôpital moderne. Michel Foucault, Blandine Barret-Kriegel, Anne Thalamy, François Beguin, Bruno Fortier, présentent un travail d'équipe dont l'unité d'inspiration et l'homogénéité d'écriture ne sont pas les moindres mérites. La diversité de leurs compétences en épistémologie, histoire, architecture, s'y trouve tempérée par une interpénétration recherchée et obtenue, ce qui est plus et mieux qu'une interdisciplinarité souvent génératrice, à l'instar de l'interférence, d'autant d'obscurité que de brillant.

Les machines à guérir : aux origines de l'hôpital moderne

La transformation, commencée au dix-huitième siècle, qui a dissocié, dans la destination des institutions de bienfaisance, l'assistance aux malheureux et le soin des malades, est un fait de politique dont la réalité est attestée par l'architecture même des bâtiments hospitaliers et la distribution de l'espace intérieur où le personnel soignant dispose, expose et traite les malades, conformément à une réglementation explicite. La santé, visée désormais comme le bien général d'une population donnée, et non plus seulement comme une valeur individuelle, ne dépend plus uniquement de l'art d'un homme d'expérience, mais des calculs d'une administration qui en revendique la gestion comme un devoir. Ce que Michel Foucault nomme la noso-politique compose, à l'égard du corps social, les impératifs du rendement et de la surveillance, de l'économie et de la police. Son objet est tributaire de la mesure et de l'appréciation démographique. Le changement d'échelle de l'objectif médical entraîne un changement de la nature des moyens. L'hôpital n'est pas la possibilité offerte aux médecins de multiplier les actes thérapeutiques personnalisés. Comme l'a écrit Tenon, en 1788, " les hôpitaux sont des outils, ou si l'on aime mieux des machines à traiter les malades, je dirais volontiers en masse et par économie ". Les Machines à guérir est un document incomparable relatif aux origines françaises de l'hôpital moderne. Michel Foucault, Blandine Barret-Kriegel, Anne Thalamy, François Beguin, Bruno Fortier, présentent un travail d'équipe dont l'unité d'inspiration et l'homogénéité d'écriture ne sont pas les moindres mérites. La diversité de leurs compétences en épistémologie, histoire, architecture, s'y trouve tempérée par une interpénétration recherchée et obtenue, ce qui est plus et mieux qu'une interdisciplinarité souvent génératrice, à l'instar de l'interférence, d'autant d'obscurité que de brillant.